SURFING WAY OF LIFE

 

                       Une des grosses chances du surf c’est d’être un sport qui se pratique dans milieu incertain, naturel et non standardisé où les conditions évoluent au gré des vents, des
marées, des courants et bien entendu variant d’autant plus selon la taille, la fréquence et l’orientation de la houle. Sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, la vague est un élément en
perpétuel mouvement, aux formes diverses et variées, aux couleurs et aux textures toutes aussi singulières changeant suivant le temps, la lumière, les saisons, le décor … tantôt accueillantes,
tantôt austères, là violentes, ici petites, molles, grosses, grasses, fracassantes, reformantes, épaisses, tendues, dégueulantes, clapoteuses, lisses, énormes, lentes, rapides, kilométriques,
shore break, insurfables … Autant d’adjectifs qui en disent long sur notre capacité à disserter et divaguer le soir venu. Cet éventail de conditions favorise la recherche de nouveaux espaces, de
nouvelles vagues dans des ambiances et paysages tous aussi singuliers. Sable blanc et fin, sable jaune épais, galets, granit rose, roches plates, lisses ou acérées, eau saumâtre ou translucide, …
embouchures, pointes, plages, criques, baies sont autant d’espaces de jeux pour qui aime varier les plaisirs. La vue bien sûr mais les odeurs aussi : celle du varech (algues), l’air marin,
la salinité de l’eau. Mais aussi le bruit : le fracas des vagues, le vent … Et comme le dit si bien Michel Noirit (pionnier du surf breton), « le surf c’est la plénitude des sens »
car c’est bien cet ensemble sensitif qui façonne le goût des choses. Dès lors à chacun ses goûts et à chacun ses spots réguliers … On s’habitue et on s’attache tous un peu à son chez soi et
à ses locals spots. La petite mise à l’eau qui va bien, l’ambiance avec les potes de surf … Et on est plus ou moins nomades.

Une chose est sûre, le surf créé un lien évident à l’environnement naturel et à l’océan. Ainsi, le plaisir d’être dans un
endroit beau ne laisse pas indifférent au delà du plaisir hédoniste de la glisse. Le surfeur est imprégné de nature, immergé dans l’océan on ne peut pas plus et il n’y a pas que le fait de surfer
sur une vague mais aussi toute la scène qui importe : se sentir bien dans un cadre, dans un décor avec certaines personnes, d’avoir certaines lumières sur des paysages tous uniques et se
balader sur des territoires sauvages et préservés. Tout cela permettant « une fuite concrète de l’espace quotidien, identifié symboliquement aux contraintes de la vie professionnelle et
souvent urbaine. » (encyclopédie de la sociologie). Le surf s’inscrit en effet dans cette recherche de liberté et d’évasion.

Mais ce retour à la nature dans des sites souvent idylliques n’est pas toujours possible. Le surf en ville c’est un tout petit
peu différent mais entre midi et deux on se contente parfois de bien peu ! une vague pourrie dans un décor pourri et une eau crade …(y’a des degrés dans la cradeur, quand vous avez surfer
Cachton au Maroc ou le célèbre Furoncle d’Anglet plus rien ne peut vous arriver !!!) Certains spots sont en effet au cœur des maux de notre civilisation : pression foncière littorale et
constructions galopantes, pollution visuelle et bactériologique, … bref vivement les vacances et un surf trip sur des îles préservées …!

Quoique, le bon vieux front de mer contente parfois : la côte et la grande de Biarritz ou de Quiberon, Anglet-les-Digues,
le casino de Pontaillac à Royan, le prévent de Capbretong, Hendaye de Biskaii, Le remblais de St Gilles et Tanchet-Les Sables en Vendée, Toulhars Kercentre ville en rade de Lorient, Porsmilin
alias Port Michel et le Trez sur Brest : autant d’exemples de spots souvent gavé de monde et où ça fait le show, ça check et ça raconte les bonnes vieilles histoires du cru  … Un bon
petit côté convivial et sympa tout de même, d’autant qu’en hiver quand ça caille et que les houles sont hachées menues c’est souvent là que ça reste jouable près des grands centres urbains avec
un bon accès parking pour une « sess express en deux deux ». On est là bien loin d’une promenade dans une forêt de pins ou dans la lande de la Presqu’île de Crozon,  où un tout
autre contexte s’offre à nous : moins pressés, moins stressés, on profite du calme de cette nature et on regarde les vagues déroulées avant de s’y jeter. Deux approches antinomiques mais pas
incompatibles pour une même pratique. Cela dépend aussi du temps qui vous est  disponible …

Le point commun de toutes ces sessions vécues et de toutes ces attitudes tient dans cette dévorante passion qui prend racine
dans l’émotion que procure les sensations de glisse et cette « obsession n’a d’égal que la passion » (P.Lacombe)

Au delà, il existe mille et une façon de concevoir le surf et de le pratiquer, et par conséquent de choisir la vie qui peut
vous convenir … pour une pratique plus ou moins ancrée ou plus ou moins itinérante. Mais quoi qu’il en soit, la quête des vagues propose à chacun d’entre nous un chemin de vie empreint d’une
certaine religiosité naturelle qui donne à l’être une sensation de bien-être, de légèreté et de liberté. Le surfeur s’évade ainsi à chaque sortie de l’espace-temps normatif de notre société et
met entre parenthèses le temps d’une session de surf ses attributions socioprofessionnelles contraignantes.

A travers cet article je voulais vous faire part d’un point de vue sur la magie de notre pratique et de la surfing life
dépendance qui en découle…! 

 

Dan BILLON